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Denijs van Alsloot (vers 1568-1625/26), peintre paysagiste au service de la cour des archiducs Albert et Isabelle

Auteur : Sabine van Sprang.

Cet ouvrage en deux parties, dû à Sabine van Sprang, conservateur aux Musées royaux des Beaux-arts de Belgique à Bruxelles, est le XVe de la série Pictura nova (études sur la peinture et le dessin flamands aux XVIe et XVIIe siècles) que publient les éditions Brepols à Turnhout, l’équivalent en quelque sorte de ce que fait Arthena dans une visée principalement française (on peut également évoquer les publications de Davaco pour la peinture ancienne hollandaise). – Soit un travail en français pour une fois, c’est rare ! (généralement, dans la série Pictura nova, les ouvrages sont publiés en allemand ou en anglais en fonction des auteurs, plus rarement en flamand), et tout à la fois infiniment savant et étonnamment paradoxal en ce qu’il développe et contredit en même temps l’idée classique et traditionnelle du catalogue-corpus d’un maître. De fait, sous le nom vigie de Denijs van Alsloot (bien noter la forme flamande du prénom par respect de la donne historique), le présent ouvrage s’intéresse tout autant à des peintres de figures qui collaborèrent avec le paysagiste Alsloot, tels l’alerte Antoon Sallaert ou le prolixe Hendrik de Clerck, sans qu’il se dégage – priorité évidemment à Alsloot de par la nécessité du sujet – une idée suffisamment claire de leur respective réalité d’artistes. N’y a-t-il pas finalement comme une prétention à la mode d’aujourd’hui, disons quelque vision économiste de l’art où l’on se complait à parler de « stratégie » (p. 77, 423), pour insister à ce point sur une répartition commerciale des tâches dans les tableaux à deux mains, effectivement en nombre chez Alsloot ? Au risque de sous-estimer la volonté d’unification plastique inhérente à la réalisation d’une œuvre, comme si la figuration venait après, tel un simple adjuvant commercial, à la discrétion de toute façon improuvable de quelque commanditaire, marchand ou client. Quand les paysages à histoires sont chez Alsloot si nombreux et si agréablement définissables comme tels, faut-il nécessairement qualifier ce dernier « d’inventeur » pour réserver aux autres intervenants l’appellation de « sous-exécutants » (p. 423) ? Dans cette monographie exigeante, hyper-prudente, singulièrement restrictive, l’envahissant Clerck finit par déranger : somme toute, on se trouve devant pas assez d’Alsloot pour beaucoup (trop ?) de Clerck ! Et ce ne serait pas moins tangible pour Sallaert, dans la deuxième partie de ce livre très bicéphale.

Alors, à quoi bon une monographie sur Alsloot puisque, apparemment, il aurait si peu produit, encore que ses œuvres ne lassent pas de procurer quelque plaisir esthétique, notamment ses paysages d’hiver (c’est au moins à son étude une justification suffisante) ? Et que n’a-t-on publié préalablement une monographie de Hendrik de Clerck, celle par exemple de Willy Laureyssens, tout indiqué par sa thèse de 1975 ! Le fait est qu’on saisit mal ici (ou trop peu) la place d’Alsloot dans une histoire du paysage flamand du XVIIe siècle. Est-il aisé de…

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