Démission !

1. Panneau d’information sur les travaux, rue des Quatre-Fils
Photo : Didier Rykner
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Hervé Liffran, dans Le Canard Enchaîné qui paraîtra demain, parle lui aussi des destructions qui ont eu lieu dans la maison Claustier, en plein secteur « sauvegardé » du Marais, que nous avons révélées dans notre article mis en ligne hier sur les travaux du carré des Archives. Il a même réussi à joindre la présidente de l’OPPIC, Clarisse Mazoyer, qui a confirmé ce qui nous avait été certifié par des témoignages indirects : les éléments de décor « ont été déconstruits », le nouveau terme employé par les démolisseurs pour parler des destructions. Mieux même : alors que nous avons cherché en vain à obtenir des informations ou une réaction du ministère de la Culture, la ministre a assuré elle-même au Canard qu’il s’agissait d’une « fausse polémique » et que les travaux ont été « réalisés en conformité » avec les études préalables. Des études qu’on refuse obstinément de nous communiquer et dont on ne sait pas par qui elles ont été faites. En tout cas pas par un architecte du patrimoine ou par l’architecte en chef des monuments historiques François Jeanneau qui n’est intervenu que sur le clos et le couvert.

Ajoutons que, comme le remarque aussi le Canard, le panneau indiquant les travaux (ill. 1), qui ne mentionne pas les destructions mais seulement des « réaménagements des espaces intérieurs permettant l’implantation d’une partie des services du ministère de la Culture » (un intitulé bien anodin), est introuvable à proximité de la maison Claustrier et d’ailleurs de tous les monuments concernés et se trouve à 300 mètres de là, rue des Quatre-Fils. Or l’article A424-18 du code de l’urbanisme impose que : « le panneau d’affichage [soit] installé de telle sorte que les renseignements qu’il contient demeurent lisibles de la voie publique ou des espaces ouverts au public pendant toute la durée du chantier ». Cela n’est pas le cas rue des Francs-Bourgeois ni même rue Vieille-du-Temple où ont lieu les travaux (ill. 2). Incapable d’appliquer le code du patrimoine, le ministère s’avère donc tout aussi ignorant du code de l’urbanisme.


2. Implantation (en mauve) des services du ministère de la Culture ;
l’absence de panneau d’information rue des Francs-Bourgeois est à la limite de la légalité
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La polémique n’a rien de fausse et l’affaire est bien aussi grave que nous le craignions. L’intérieur de l’hôtel a été très largement vandalisé alors que celui-ci était théoriquement protégé par le plan de sauvegarde et de mise en valeur, encore davantage que si le bâtiment avait été classé monument historique. Comment la ministre ose-t-elle justifier un scandale comme celui-ci ? Comment celle-ci et les fonctionnaires en charge du patrimoine pourraient-ils désormais faire respecter le code du patrimoine quand ils s’avèrent eux-même incapables de s’y conformer. Plus largement, comment pourraient-ils rester à leur poste après un scandale de cette ampleur ? La polémique est juste hélas, et elle aboutit à une seule question : celle de leur départ.

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