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« Aventures d’un chef-d’œuvre de Steen », le Tobie et Sarah du Musée Bredius à La Haye

1. Jan Steen (1626-1679)
L’ange Raphaël enchaînant le démon Asmodée
Huile sur toile – 66 x 55, 5 cm
Etat ancien du tableau Bredius, avant 1996
La Haye, Musée Bredius
Photo : Musée Bredius
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Voici une affaire exemplaire et elle se termine bien, pour une fois ! Elle ne s’est guère ébruitée hors des Pays-Bas. A l’automne dernier, la Vereniging Rembrandt (la Société Rembrandt), l’équivalent en quelque sorte d’une Société des Amis du Louvre pour l’ensemble des musées néerlandais, publiait dans son bulletin un instructif résumé des « Avonturen » d’un « kapital Steen », chef-d’œuvre d’un maître du Siècle d’or de la peinture hollandaise [1]. D’autant que l’auteur de l’article, Albert Blankert, qui avait longuement étudié dans un exigeant catalogue de 1978 (avec réédition complétée en 1991) [2] le ou plutôt les deux tableaux qui n’allaient bientôt plus en faire qu’un, a été aussi l’un des acteurs de cet édifiant sauvetage à deux étapes qui ne peut manquer d’intéresser à son tour le petit monde de l’histoire de l’art en France.

Au départ, il y a un très beau tableau signé de Steen qui semble se suffire à lui-même dans la parfaite réussite d’une élégante arabesque stylisant une intrigante figure d’ange aux prises avec un incrédible monstre auprès d’un roide autel de pierre où brûle un feu (ill. 1). Œuvre rare qui pouvait surprendre de la part d’un peintre de gueuseries et de mondanités plus ou moins mêlées, mais elle n’avait certes pas échappé à l’œil aiguisé d’un connaisseur tel que l’était Abraham Bredius (1855-1946). Ce brillantissime spécialiste de la peinture hollandaise du XVIIe siècle, un temps directeur très actif et très heureux du Mauritshuis à La Haye (il fit acheter le Chardonneret de Carel Fabritius et s’entremit pour faire léguer la Femme à la perle de Vermeer), infatigable chercheur (et éditeur) d’archives, s’intéressant aux grands comme aux petits noms de la peinture des Pays-Bas, collectionneur aussi fortuné que généreux (en témoignent ses Rembrandt et autres précieux tableaux de maîtres néerlandais, 25 en tout, légués au Mauritshuis, et son propre musée ouvert à La Haye en 1922, dont le contenu fut également légué par lui, cette fois à la Ville, en 1946) [3], le tenace Bredius avait su acquérir son Steen dès avant 1907, vraisemblablement chez Kleinberger, célèbre marchand parisien de la Belle Epoque, quand Paris était, nostalgie, nostalgie !, l’une des plaques tournantes du grand commerce d’art international.
A cette date, Cornelis Hofstede de Groot, le grand rival de Bredius sur le plan de l’histoire de l’art, bute, comme Bredius l’a fait sans doute lui-même, sur le vrai sujet du tableau, lorsqu’il répertorie ce dernier dans le premier tome de son fameux corpus des principaux peintres hollandais du XVIIe siècle, grandiose entreprise en dix volumes publiés de 1907 à 1928 et cataloguant rien moins que 40 maîtres du Siècle d’or avec Steen justement en ouverture, ce qui souligne assez dans…

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