260 bronzes détériorés à cause des travaux du Louvre

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Salle des bronzes du Louvre avant les travaux
Photo : Jean-Pierre Dalbéra (CC BY 2.0)
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17/2/21 - Musée - Louvre - Les travaux de la salle des Bronzes grecs n’ont pas seulement eu comme résultat de dénaturer ce lieu et la muséographie des années 30 ni de rendre furieux, à juste titre, les héritiers de Cy Twombly. Ils ont eu des conséquences indirectes très graves sur la collection.

Outres les objets conservés dans les vitrines, d’autres, comme nous l’avions déjà écrit, étaient stockés dans deux réserves donnant sur cette même salle : la première, dite « de la salle des Bronzes », où se trouvaient environ 5 000 objets, était située dans une embrasure fermée par une porte, du côté ouest et une autre, placée symétriquement dans cette même salle, appelée « réserve des bijoux », qui contenait un millier de bijoux en or (ces deux réserves se trouvaient à droite sur l’ill.). Une troisième réserve, dite « réserve Henri II », était entre la salle des Sept Cheminées et la salle Henri II, contenant à peu près 2 000 autres bronzes. Il s’agissait de réserves de proximité, parfaitement climatisées, et où les objets en bronze étaient bien conservés (ceux en or ne craignent pas la corrosion).

Les travaux menés dans ces salles, qui ont entraîné la suppression de ces réserves, ont de ce fait provoqué en 2019 le déménagement des œuvres vers les anciennes salles étrusques. Mais les conditions climatiques n’y étaient pas du tout stabilisées, et ce qui devait arriver arriva : au mois d’août 2019, on s’aperçut que de nombreux bronzes avaient connu des reprises de corrosion. Il faut savoir en effet que les bronzes antiques sont très fragiles et sensibles notamment aux conditions hygrométriques. La corrosion peut être extrêmement rapide, et en quelques heures la surface peut devenir de la poudre. C’est ce qui s’est passé pour environ 260 bronzes antiques dont l’état était jusqu’à présent parfaitement contrôlé.

Il a donc fallu d’abord comprendre le problème, stabiliser la situation, puis faire un bilan complet, bronze par bronze, pour connaître l’étendue du désastre et décider de ce qu’il conviendrait de faire. Le diagnostic est édifiant : 260 bronzes ont souffert, dont une centaine, les plus abimés, seront les premiers restaurés. Le devis complet de restauration se porte à exactement 92 160 € TTC ! Et certains bronzes ont souffert de manière irréversible. Ils pourront être stabilisés, mais ils sont définitivement plus altérés qu’ils ne l’étaient avant les travaux.

Pendant que Jean-Luc Martinez se vante de mieux conserver les œuvres et de les sauver des inondations en les transportant à Liévin, ses travaux inutiles et hors de prix en mettent d’autres en danger, et viennent alourdir des dépenses déjà somptuaires. On a beau être habitué aux dérives du Louvre que nous ne cessons de dénoncer, cette nouvelle affaire nous laisse sans voix. Et tout cela ne semble pas déranger la ministre de la Culture qui envisage sérieusement de renommer Jean-Luc Martinez pour trois ans.

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